par Jean-Paul Lugan, psychologue, coach, préparateur mental et auteur de Santé mentale, la méthode M.I.N.D à portée de tous – 3 juillet 2025

Dans notre société actuelle, le fait de ne pas réussir n'est plus perçu comme une étape normale de l'apprentissage, mais comme un défaut, une tare, une anomalie à éradiquer.

C’est un glissement insidieux mais brutal : nous sommes passés d’un modèle éducatif où l’on apprenait à travers les erreurs, à une société où toute forme d’échec est vécue comme une faute. Résultat ? Un sentiment de honte, de culpabilité, voire d’inutilité chez ceux qui trébuchent.
Autant dire : à peu près tout le monde.

Car oui, l’échec fait partie de la vie.
Il est même souvent la porte d’entrée de la résilience, de la créativité et de l’innovation.
Mais dans une culture obsédée par la performance, la vitesse et l’optimisation, il devient presque indécent de ne pas réussir du premier coup.

Un monde qui oublie que la chute est formatrice.

À force de valoriser uniquement la réussite, on finit par invisibiliser le parcours, les doutes, les tâtonnements.
On valorise l’arrivée, jamais le chemin.
Et pire : on oublie que ceux qui échouent ne sont pas faibles, mais souvent ceux qui osent.
Ceux qui apprennent, ceux qui s’adaptent.

Repenser notre rapport à l’échec : un enjeu de santé mentale

Accepter l’échec, c’est faire preuve d’humanité.
C’est aussi s’offrir la possibilité de recommencer autrement, de s’ajuster, de s’améliorer.
Dans les entreprises, les familles ou les écoles, cela passe par un changement de regard :
valoriser le progrès plutôt que la perfection, l’engagement plutôt que le résultat.

Bref, si nous voulons bâtir une société plus sereine, plus solide et plus durable, il est urgent de réhabiliter l’échec.
Non pas comme une fin, mais comme une étape.
Un levier.
Une chance, parfois déguisée.